Un article rédigé en janvier 2021 par le Dr Alexandre Messier, m.d., CCMF, (MU)
En 2021, cinq ans après ses débuts à l'Hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal (HSCM), le projet de réorientation est maintenant présent dans 10 hôpitaux québécois, 2 hôpitaux français, et plus de 60 cabinets et cliniques de première ligne ! Voici donc quelques moments d’une petite histoire innovante qui a commencé chez nous.
En 2015, nous étions très réticents à monter un projet de réorientation. Par instinct, pour les professionnels de la santé travaillant dans les urgences, ce type de solution fait peur. Si le patient est mal sélectionné, il y a un danger à le laisser quitter l’urgence. Ensuite, la littérature médicale sur le sujet est pauvre et rapporte beaucoup d’échecs. C’est avec ces deux principes en tête que nous avons finalement accepté le défi. Par contre, nous avions une condition : avoir carte blanche pour faire les choses différemment. Cette liberté de réflexion est un des facteurs de succès de l’aventure.
Tout cela a débuté par une revue de littérature, ce qui veut dire passer des heures à lire et à analyser tout ce qui a été écrit sur un sujet. C’est ce travail de moine qui m’a fait réaliser que le concept de réorientation intriguait le Vieux Continent. Quoi de mieux pour m’en assurer que d’aller faire un tour sur place, à un congrès spécialisé à Paris ? Ainsi, avec l’équipe de Logibec, nous voilà donc inscrits, à la dernière place disponible, comme exposant start-up, au congrès annuel de la Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU 2019).
Nous sommes revenus de ce congrès avec plusieurs nouveaux alliés qui semblaient avoir eu la piqûre pour Logibec Réorientation. Selon plusieurs commentaires que nous avons eus, les facteurs qui semblent les avoir séduits sont la rigueur de notre travail mêlée à une audace innovatrice qui seraient nés d’un mélange de notre côté nord-américain et nos origines européennes.
Au fil des mois, en écoutant le charmant accent de nos nouvelles connaissances, nous avons appris à connaître le système de santé français et ses innombrables et incompréhensibles acronymes. Ils sont presque pires que ceux du Québec, presque! Puis, la totale (!), il a fallu « traduire » l’algorithme médical du français québécois au français de France.
Pour mes collègues de Paris, d’Angoulême et de Nancy, un patient moche n’est pas tout à fait la même chose que pour nous. Au Québec, dans le jargon médical, un patient moche est celui qui a une allure très malade, imaginez un patient pâle et faible. Tandis qu’en France, disons seulement qu’un patient moche serait quelqu’un qui ne gagnerait pas de concours de beauté.
Arrive enfin le moment du déploiement, les billets d’avion sont achetés et les valises sont prêtes. Puis survient un petit événement mondial (rechercher « COVID-19 » sur internet pour plus d’informations) et le coup de départ est reporté. Ce n’est quand même pas ce genre de « détail » qui allait décourager nos partenaires français. Quelques mois plus tard, nous avions implantés deux projets de réorientation. Selon les premières analyses, les premiers patients réorientés en France semblent très satisfaits, et le personnel soignant également.
Au dernier décompte, le Québec comptait plus de 80 000 patients réorientés contre près de 1 500 en Europe. Plusieurs discussions sont en cours sur plusieurs régions de France. Donc, dans un an, qui sera en tête ? Les paris sont ouverts. Une chose est assurée, cette belle histoire n’est pas terminée.
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